Les 18 notions essentielles pour comprendre les appels d'offres publics

Pour gagner un appel d'offre public, il faut comprendre les règles du jeu. Les acronymes sont légion. Les notions pas forcément intuitives. On vous explique tout.

Mateo Genot
July 5, 2024
5 min read

Les notions générales

1. Le marché public

C’est un contrat passé par un organisme public (l’Etat, les collectivités, les établissements publics, ...) avec une entreprise privée (ou parfois publique elle aussi), afin de répondre à son besoin en matière de produits, de services ou de travaux.

Le fonctionnement des marchés publics est régi par le Code de la commande publique entré en vigueur le 1er avril 2019 (1 747 articles dès sa première version… ouch !)

2. Le pouvoir adjudicateur

C’est l’organisme public (votre futur client 🤞) qui passe un marché afin de trouver une entreprise qui puisse répondre à son besoin au meilleur rapport qualité-prix.

Les pouvoirs adjudicateurs sont très variés :

  • L’Etat
  • Les collectivités locales (régions, départements, communes…)
  • Les établissements publics (hôpitaux, écoles supérieures, musées, ports, fondations, associations…) comme la CAF (Caisse d’allocations familiales), la BNF (Bibliothèque Nationale de France) ou l’EFS (Etablissement Français du Sang)
💡 Note : le “Pouvoir Adjudicateur” est parfois appelé “Entité Adjudicatrice” lorsqu’il s’agit d’un opérateur de réseau comme la SNCF, la RATP, la Poste, EDF…

3. La procédure

En-dessous de 40 000€, les acheteurs publics sont dispensés de procédure de publication et de mise en concurrence.

Ensuite, selon le type d’acheteur, la nature et le montant du marché (voir tableau ci-dessous), ils doivent suivre :

  • Soit une procédure adaptée, plus souple (Marché à Procédure Adaptée, MAPA)
    • Vous devez suivre les modalités de passation et d’attribution du marché librement fixées par l’acheteur
  • Soit une procédure formalisée, plus rigide, qui peut être :
    • L’appel d’offres : il est soit ouvert, soit restreint à une liste de candidats pré-sélectionnés. L’acheteur choisit la meilleure offre selon des critères définis, sans aucune négociation.
    • La procédure concurrentielle avec négociation : sous réserve d’être justifiée par le besoin, elle permet à l’acheteur de prévoir une phase de négociation.
    • Le dialogue compétitif : Dialogue entre l’acheteur et les candidats présélectionnés pour définir les solutions répondant le mieux aux besoins, avant qu’ils ne soumettent leurs offres finales.
Type de procédure selon l'acheteur, la nature et le montant du marché
💡 Note : pour les marchés de service, le seuil pris en compte correspond au montant estimé sur 1 an, et non au montant sur toute la durée du marché

4. L’avis de marché

C’est l’annonce officielle, la publicité, diffusée publiquement pour informer du marché à venir.

L’avis contient les informations clés sur le marché et surtout, le lien vers le site Internet (profil d’acheteur public) où vous pouvez télécharger le dossier complet.

📄 Pour en savoir plus, lisez notre article “Comment décrypter un avis de marché”

Les avis sont publiés sur des sites officiels comme :

  • Le BOAMP (Bulletin Officiel des Avis de Marchés Publics)
  • Le JOUE (Journal Officiel de l’Union Européenne)
  • Dans un journal d’annonce légale (JAL), habilitation donnée à plus de 200 titres de presse nationale ou locale
  • Ils sont également centralisés sur des sites de veille opérés par des entreprises privées

Ces plateformes publient aussi des avis d’attribution qui annoncent les résultats du marché ainsi que les avis rectificatifs, qui contiennent des modifications du marché

📄 Pour trouver les avis, lisez notre article “Où trouver les avis de marchés”

5. Le profil d’acheteur public

Un nom bien compliqué pour désigner… le site Internet où sont publiés les documents de l’appel d’offres.

Il peut être créé par l'acheteur lui-même, ou être hébergé sur une plateforme spécialisée, et offre les fonctionnalités suivantes :

  • Publication et consultation des avis de marchés
  • Mise à disposition des documents de la consultation
  • Dépôt des candidatures et des offres
  • Questions/réponses avec les acheteurs
  • Messagerie sécurisée pour la notification des marchés

Il en existe des centaines. Voici quelques exemples :

Il existe aussi des plateformes privées, qui regroupent plusieurs profils d’acheteurs publics.

Les documents de consultation (DCE)

Les documents de la consultation (anciennement appelé Dossier de Consultation des Entreprises ou DCE) définissent les besoins et les attentes de l’acheteur.

💡 Note : les CCAG (Cahier des Clauses Administratives Générales) et CCTG (Cahier des Clauses Techniques Générales) sont souvent des pièces du contrat, mais ne sont pas jointes au DCE. Ces documents fixent le cadre administratif et contractuel général du marché. Ils sont consultables en ligne ici.

6. Le Règlement de consultation (RC)

Le règlement fixe les contraintes relatives à la mise en concurrence et au déroulement du marché.

Il contient les informations clés comme :

  • Objet : qui synthétise le besoin et les attentes de l’acheteur.
  • Code CPV : nomenclature qui définit la nature des prestations attendues.
➡️ Exemple : le code CPV des Services de formation professionnelle est 80530000-8. Consultez la liste complète des codes CPV ici.
  • Dates : date limite de remise des offres et autres dates clés du marché.
  • Durée : délai entre la date de début et de fin d’exécution des prestations. Maximum 4 ans pour un accord-cadre, le plus souvent sous forme d’une période initiale d’1 an renouvelée 3 fois.
  • Montant : valeur totale prévisionelle. Attention, il s’agit d’un montant maximal sur toute la durée du contrat. Ce n’est en aucun cas le prix attendu par le client.
✅ Exemple d’un marché pour le Conseil Constitutionnel en 2024 : pour 50 forfaits mobiles, le montant maximum sur 4 (quatre) ans est de 400 000€. Soit 130€/mois et par forfait !
  • Lots : l'acheteur peut diviser le marché en lots pour les attribuer séparément (marché multi-attributaire). Chaque lot donne lieu à un marché indépendant.
  • Variante : pas toujours autorisée, c’est une solution alternative à celle décrite initialement dans le CCTP. Elles est proposée par le candidat et doit respecter les objectifs du marché.
  • Prestation supplémentaire éventuelle (PSE) : prestation décrite dans le CCTP qui vient en complément de l'objet principal du marché. La réponse a une PSE peut être facultative ou obligatoire. L'acheteur reste libre de retenir ou non la PSE au moment de la signature.
  • Groupement : pas toujours autorisée, le groupement permet à plusieurs entreprises de répondre conjointement au besoin.
  • Forme du prix : il peut s’agir d’un marché ordinaire avec un prix global et forfaitaire, ou d’un marché à prix unitaires, ou d’un accord-cadre à bons de commandes.
  • Modalités de réponse : liste des pièces à fournir avec leurs modalités d'envoi pour candidater, puis pour soumettre son offre.

7. Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP)

Document contractuel spécifique à un projet qui détaille les exigences techniques particulières de la prestation. Il décrit précisément les caractéristiques des prestations attendues et les normes techniques à respecter.

💡 Note : le CCTP correspond au cahier des charges de l’acheteur

8. Cahier des Clauses Administratives Particulières (CCAP)

Document contractuel spécifique à un projet, fixant les clauses administratives particulières au contrat concerné. Il précise notamment les modalités de paiement, les pénalités en cas de retard, et les conditions de résiliation.

A noter que les CCAP apportent des précisions par rapport au CCAG (Cahier des Clauses Administratives Générales) qui fixe les dispositions administratives applicables selon le type de marché (fournitures, services, travaux) et définit également les règles générales qui encadrent les obligations respectives des parties, les modalités d’exécution et les conditions de règlement.

💡 Note : le CCAP fixe les garanties exigées, les délais et moyens d’exécution, les délais de paiement, les pénalités, etc.

Les pièces du dossier de candidature

Avant de soumettre votre offre, vous devez d’abord soumettre votre candidature en communiquant à l’acheteur l’ensemble des documents de candidature mentionnés dans le Règlement de consultation.

Les principaux documents constituant le dossier de candidature sont les suivants :

9. Document unique de Marché Européen (DUME)

C’est un formulaire électronique standardisé (format XML) qui permet aux entreprises de déclarer qu’elles remplissent les critères de sélection pour un marché public dans l’Union Européenne.

Il simplifie et accélère les procédures de passation des marchés, et évite de devoir remplir à chaque fois les formulaires DC1 et DC2, qu'il est censé remplacer totalement à terme (même si certains acheteurs ont encore du mal à l'utiliser !).

10. Lettre de candidature (DC1)

Formulaire type qui vous permet :

  • de vous identifier comme candidat
  • de préciser les lots pour lesquels vous candidatez
  • d'indiquer si vous répondez en groupement
  • d'attester sur l'honneur vous êtes en droit de soumissionner

11. Déclaration du candidat individuel (DC2)

Formulaire type qui vous permet de justifier de vos capacités économiques et financières, ainsi que vos capacités techniques et professionnelles.

Le DC2 doit être fourni pour chacun des lots de la consultation, et par chaque membre du groupement.

12. Déclaration de sous-traitance (DC4)

Formulaire type qui permet, en cas de sous-traitance :

  • De décrire les prestations sous-traitées
  • De mettre en place le paiement direct du sous-traitant
💡Tous les modèles de formulaires DC1, DC2, DC4 sont disponibles ici

Les pièces du dossier d’offre

Une fois votre candidature acceptée, vous devez envoyer votre offre à l’acheteur en transmettant, dans les délais, l’ensemble des documents de réponse mentionnés dans le Règlement de consultation.

Les principaux documents constituant le dossier d'offre sont les suivants :

13. L’acte d’engagement (AE)

Document essentiel du marché, qui doit être signé par le candidat. Il formalise son accord avec les termes du marché ainsi que son engagement à fournir l’offre proposée dans le mémoire technique aux tarifs convenus.

💡 Note : la signature n’est aujourd’hui obligatoire qu’au moment de l’attribution du marché, mais de nombreux acheteurs continuent de l’exiger dans le dossier d’offre

14. Décomposition du prix global et forfaitaire (DPGF)

Le DPGF est utilisé pour les marchés à prix forfaitaire. Il permet à l’acheteur de comprendre comment vous avez construit votre prix.

Il s’agit d’un fichier Excel qui détaille pour chaque poste de dépenses mentionné dans le CCTP (travaux, produits ou services) le prix unitaire, la quantité et le sous-total.

La somme des lignes donne le prix forfaitaire total.

15. Bordereau de prix unitaire (BPU)

Le BPU est utilisé pour les marchés à prix unitaires, principalement pour les accords-cadres à bon de commande.

C’est document contractuel indiquant les prix applicables à chaque élément d’ouvrage ou aux unités de fournitures ou de services décrites dans les documents du marché.

Il s’agit d’un fichier Excel avec 3 colonnes : la désignation du produit/service, l’unité de mesure, et le prix unitaire.

L’intérêt du BPU est de fixer les prix unitaires qui seront appliqués sur toute la durée du marché.

16. Détail Quantitatif Estimatif (DQE)

Le DQE est un complément du BPU pour les marchés à prix unitaires.

C’est un estimatif qui permet à l’acheteur de simuler une enveloppe budgétaire grâce aux quantités estimatives, afin de mieux comparer les offres proposés par les différents candidats.

💡 Note : le DQE peut porter des noms divers, tels que : devis estimatif, simulation financière ou panier-type.

17. Mémoire technique

Certainement le document le plus important, il s'agit de proposition commerciale. Vous devez démontrer votre capacité à réaliser les prestations demandées en détaillant l'approche technique, les moyens humains et matériels, et l'organisation.

Il faut l’adapter à chaque marché pour respecter les critères de sélection et faciliter la lecture pour l’acheteur.

📄 Lisez notre article avec nos conseils pour rédiger un mémoire technique

18. Cadre de réponse technique (CRT)

En alternative au mémoire technique, le CRT est un document de réponse avec un cadre strict imposé par l'acheteur, souvent dans un document Word ou Excel qui contient la liste des exigences.

Il facilite la compréhension et l'évaluation équitable des offres.

Conclusion

Vous avez désormais les clés en main pour répondre à un appel d'offres public. L'intelligence artificielle est une révolution vous aider à analyser le contenu du dossier et à formuler ensuite une proposition commerciale gagnante.

📄 Lisez notre article qui explique comment l'IA simplifie la réponse aux appels d'offre

Share this post
Mateo Genot
July 5, 2024
5 min read